Paul Durand-Ruel

2022 : Centenaire de la mort de Paul Durand-Ruel

Paul DURAND-RUEL (31 octobre 1831 – 5 février 1922) a redéfini le rôle de marchand d’art et de soutien aux artistes. Il a été un exceptionnel entrepreneur et un précurseur sur la scène internationale du marché de l’art en établissant un réseau de galeries à Paris, Londres, Bruxelles et New York, et en organisant des expositions dans le monde. Convaincu par le talent des artistes de l’Ecole de Barbizon et des Impressionnistes, et confiant dans son rôle de défenseur de leur art, Paul Durand-Ruel a su imposer leurs œuvres.

31 octobre 1831 : Naissance de Paul Durand-Ruel à Paris. Son père, Jean Durand, et sa mère, Marie Ruel, exposent dans leur papeterie parisienne les œuvres d’artistes tels que Géricault et Delacroix. Jean vend et loue des tableaux. La papeterie devient rapidement un point de rencontre pour les artistes et les collectionneurs, et se transforme en galerie.

1839 : La galerie déménage dans un quartier plus élégant de Paris, au n°103 rue des Petits Champs, à côté de la Place Vendôme.

1848 : La révolution de février interrompt l’ascension des affaires.

1851 : Reçu à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint Cyr, Paul Durand-Ruel démissionne de l’armée pour travailler auprès de son père. Dans les années qui suivent, il voyage en province et en Europe.

1855 : Paul Durand-Ruel, qui connaît et apprécie les œuvres de Delacroix, a un choc émotionnel devant l’ensemble des tableaux de l’artiste exposés lors de l’Exposition Universelle à Paris.

1862 : Paul Durand-Ruel épouse Eva Lafon qui lui donnera cinq enfants.

1863 : Napoléon III crée le Salon des Refusés afin que les artistes dont les œuvres sont refusées au Salon puissent exposer leur travail et que le public juge par lui même. Paul Durand-Ruel a alors 32 ans et assume pour la première fois le rôle d’expert aux côtés d’un commissaire-priseur lors d’une vente publique.

1865 : Disparition de Jean Durand-Ruel. Paul Durand-Ruel va alors progressivement établir sa politique de marchand basée sur quelques principes innovateurs :
– Protéger et défendre l’art avant tout,
– L’exclusivité du travail des artistes,
– Des expositions individuelles et internationales,
– Un réseau de galeries internationales,
– L’accès gratuit aux galeries ainsi qu’à son appartement,
– Promouvoir le travail des artistes par le biais de la presse,
– Associer le monde de l’art à celui des finances.

1865-1874 : Paul Durand-Ruel défend Delacroix, les artistes de l’École de 1830 : Corot, Daubigny, Diaz de la Pena, Jules Dupré, Millet, Théodore Rousseau… ; ainsi que Daumier et Courbet ; et joue un rôle essentiel dans leur reconnaissance par le public.

1870-71 : Paul Durand-Ruel ouvre une galerie à Londres, et une à Bruxelles.

1871 : Eva, épouse de Paul Durand-Ruel, s’éteint à l’âge de 30 ans, le laissant seul parent de 5 enfants.

1871-1873 : Paul Durand-Ruel découvre le travail de Boudin, Monet, Pissarro, Sisley, Degas, Renoir, Manet, Puvis de Chavannes, et plus tard Morisot et Cassatt.

1874 : Ces artistes exposent pour la première fois tous ensembles dans l’atelier du photographe Nadar, et c’est à cette occasion qu’ils reçoivent ironiquement le nom d’Impressionnistes. Renié par ses clients, Paul Durand-Ruel traverse une première crise financière.

1876 : Paul Durand-Ruel organise la seconde exposition des artistes impressionnistes dans sa galerie. L’exposition est excessivement mal accueillie par le public qui qualifie alors sa galerie de « maison de santé mentale ».

1878 : Paul Durand-Ruel organise une exposition des œuvres des artistes de l’École de 1830, en réaction au Salon qui refuse d’exposer leur travail cette même année.

1880-1886 : Paul Durand-Ruel soutient moralement et financièrement les artistes impressionnistes. Il est le seul à acheter leurs œuvres de manière régulière, ainsi qu’à les exposer, en dépit de la deuxième crise financière qu’il traverse.

1883 : Paul Durand-Ruel présente, sans grand succès, des expositions à Berlin, à Londres et Boston. A Paris, il organise pour la première fois des grandes expositions monographiques successives : Boudin, Monet, Renoir, Pissarro et Sisley.

1886 : Paul Durand-Ruel est complètement exsangue financièrement ; James F. Sutton et l’American Art Association l’invitent à organiser une exposition à New York. C’est un succès et la première reconnaissance officielle des artistes impressionnistes, c’est également le début de l’implantation de Paul Durand-Ruel à New York et aux Etats-Unis.

1890-1893 : C’est la reprise de l’activité de la galerie parisienne, la reconnaissance de Renoir et de Pissarro, et la confirmation du succès de Monet.

1890-1914 : Paul Durand-Ruel expose à travers le monde et dans plus de dix villes allemandes, marquant ainsi l’origine des collections d’œuvres impressionnistes en Allemagne.

1905 : Paul Durand-Ruel organise une très grande exposition comportant près de 300 tableaux à Londres, à la Grafton Galleries. C’est l’exposition impressionniste la plus exceptionnelle qui ait jamais eu lieu.

1910 : Renoir immortalise son ami et marchand, Paul Durand-Ruel, en peignant son portrait après plus de trente ans d’amitié.

5 février 1922 : Paul Durand-Ruel s’éteint après avoir été décoré de la Légion d’Honneur deux années auparavant mais, ironiquement, non au titre des Beaux-Arts mais à celui du Commerce Extérieur.

Entre 1891 et 1922, Paul Durand-Ruel achète près de 12.000 tableaux. Parmi ces œuvres, on trouve plus de 1.000 Monet, environ 1.500 Renoir, plus de 400 Degas et autant de Sisley et de Boudin, environ 800 Pissarro, près de 200 Manet et près de 400 Mary Cassatt.

A 89 ans, Paul Durand-Ruel réalise qu’ « Enfin les maîtres impressionnistes triomphaient comme avaient triomphé ceux de 1830. Ma folie avait été sagesse. Dire que si j’étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus… »

 

Extrait du film ‘Paul Durand-Ruel, le marchand des impressionnistes’ réalisé par Sandra Paugam, France Télévision Distribution, 2014

 

Citations :

Georges CLEMENCEAU écrit en 1928 : (…) De quels tourments Durand-Ruel sauva Monet en lui permettant d’être et de demeurer lui-même à travers toutes entreprises des coalitions de médiocrités ! Grâces lui soient rendues. 

Eugène BOUDIN à Durand-Ruel : Deauville, le 2 octobre 1885 : (…) Croyez que je serais très heureux de vous voir surmonter les difficultés de la situation et de vous voir mener à bien une entreprise si ardue que celle d’apporter à la lumière des talents nouveaux et de les faire accepter d’un public aussi difficile qu’est le nôtre. Nous serions tous de grands ingrats si nous méconnaissions les services que vous nous rendez et les efforts que vous tentez dans notre intérêt commun.  

Claude MONET déclare à René Gimpel en novembre 1918 : (…) Il n’y a qu’une personne à qui je doive quelque chose, c’est à Durand-Ruel qu’on traitait de fou et qu’à cause de nous l’huissier a failli saisir.(…) 

Claude MONET raconte à Marc Elder en 1924 : Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout. Il s’est entêté, acharné, il a risqué vingt fois la faillite pour nous soutenir. La critique nous traînait dans la boue ; mais lui, c’est bien pis ! On écrivait : Ces gens sont fous, mais il y a plus fou qu’eux, c’est un marchand qui les achète !

Camille PISSARRO écrit à sa nièce Esther Isaacson, le 4 janvier 1881 : (…) Durand-Ruel, un des grands marchands de Paris, est venu me voir et m’a pris une grande partie de mes toiles et aquarelles, et me propose de prendre tout ce que je ferai. C’est la tranquillité pour quelque temps, et le moyen de faire des oeuvres importantes.

Auguste RENOIR, l’un des amis les plus proches de Paul Durand-Ruel, lui écrit en novembre 1885 : (…) Ils [le public, la presse et les marchands] auront beau faire, ils ne vous tueront pas votre vraie qualité: l’amour de l’art et la défense des artistes avant leur mort. Dans l’avenir, ce sera votre gloire.

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